J'entends parfois qu'après l'été, il n'y aurait plus de plantes comestibles intéressantes à se mettre sous la dent.
Détrompez-vous, car l'automne est justement une saison très riche, où la nature nous gâte avec plein de bonnes choses: jeunes pousses de vivaces ou bisannuelles qui repartent à la faveur de conditions d'humidité plus favorables, fruits et graines des plantes qui finissent leurs cycles, et aussi la récolte des racines des bisannuelles, qui va bientôt commencer.
Parmi les trésors de cette saison, le cynorrhodon est l'un de ceux que je préfère!
On ne peut pas le louper avec sa couleur rouge vif qui égaie l'automne et le début d''hiver!
Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s'agit du fruit de l'églantier, ou rosier des chiens (Rosa canina), qui est le cousin sauvage des rosiers de nos jardins. C'est un arbrisseau très commun dans nos campagnes: on le trouve souvent dans les haies, les lisières de forêts et les bois clairs.
Pour le reconnaître:
- L'églantier est un arbrisseau de la famille des rosacées, qui mesure de 1 à 5 m de haut. Il comporte le plus souvent plusieurs troncs, et a un port buissonnant, avec de longues branches arquées,
- Les branches portent des aiguillons (comme les rosiers horticoles)
- Les feuilles sont caduques, elles sont disposées sur la branche de façon alternée,
- Les feuilles sont composées de 5 à 7 folioles dentés, et comportent des stipules (mini-feuilles sur la tige à la base de la feuille)
- Les fleurs sont blanches ou roses pâles et ont une odeur... de rose :-). Elles sont formées de 5 pétales libres (on peut en retirer une sans déranger les autres) et de nombreuses étamines,
- Le cynorrhodon, de forme ovoïde est rouge vif, lisse et brillant. C'est en réalité un faux fruit car les vrais fruits sont les petites graines (ou akènes) situées à l'intérieur.
Confusion possible:
On pourrait éventuellement le confondre lors de la floraison avec la ronce, qui fait partie de la même famille de plantes (les rosacées) et dont la fleur est très proche, mais sans l'odeur subtile de l'églantier. Les ronces ne dépassent pas 2 m de haut, et les mures de couleur noire permettront de lever tout doute.
Concernant les rosiers sauvages, il en existe de nombreuses espèces, Rosa canina étant le plus répandu, mais cela n'est pas un problème puisque tous seraient comestibles.
Cueillette:
On peut cueillir le cynorrhodon dès qu'il est rouge, même s'il est encore ferme.
En ce moment, on commence déjà à en voir, mais pas de panique, il reste généralement présent jusqu'à l'hiver!
Si l'on attend les premières gelées, souvent même avant, la chair va devenir molle, et il pourra être consommé sur place, ou sans cuisson, en ayant pris soin de retirer les graines et les petits poils irritants qui se trouvent à l'intérieur.
Mais même avant qu'il soit blet, il peut être consommé lors de vos balades, comme un bonbon sauvage acidulé, après l'avoir ouvert en deux pour retirer les graines et les poils: un vrai délice!
Un trésor de bienfaits:
Le cynorrhodon est réputé pour sa richesse en vitamine C, ce qui est une aubaine à l'approche de l'hiver pour renforcer nos défenses immunitaires: 25g de fruits suffisent à couvrir nos besoins quotidiens.
Il contient également les vitamines A,K, P et B, des caroténoïdes (ou provitamine A), des tanins, des flavonoïdes et de la pectine.
En cuisine:
Le fruit de l'églantier est utilisé traditionnellement pour faire des confitures, du sirop, du coulis, des sauces ou des infusions ou décoctions.
Si l'on veut préserver au maximum ses vitamines, il est préférable de le faire cuire le moins possible.
Pour cela, certains le préparent cru, en mixant le cynorrhodon entier (sans le petit bout noir) avec un peu d'eau tiède dans un bon blender, et en filtrant la purée obtenue dans une passoire à grille fine. On peut ajouter ensuite selon les goûts: du miel, de la compote de pomme, de la purée d'amandes...
Les fleurs de l'églantier sont également comestibles et peuvent également être utilisées pour préparer des sirops, aromatiser des desserts ou boissons, et pour la décoration.
Propriétés:
Du fait de sa richesse en vitamine C, le cynorrhodon est traditionnellement utilisé:
- pour renforcer les défenses immunitaires,
- dans les maladies infectieuses hivernales,
- lors de carences en vitamine C
Il est également diurétique et légèrement laxatif.
La présence de tannins dans la pulpe peut présenter un intérêt en cas de diarrhées et de maux de gorge.
Recette:
Sirop de cynorrhodons frais
Ingrédients:
500 g cynorrhodons frais
0.5 L eau
800 g sucre (ou miel ou glycérine végétale)
Matériel: Entonnoir, presse-purée ou moulin à légumes, filtre à café permanent ou un simple morceau de tissus, casserole, entonnoir, bouteille stérilisée.
Passer les fruits sous l’eau pour les nettoyer, enlever la mouche (les petites feuilles sèches du bout du fruit).
Les placer dans une casserole avec l’eau. Ce qui est important, c’est qu’il soient tout juste couvert.
Chauffer le tout à 70°C, couvrir et laisser cuire durant 10min. Écraser les fruits avec une grosse cuiller ou un presse-purée à manche.
Couper le feu et laisser macérer durant 1h. Pendant ce temps, stérilisez les bouteilles à l'eau bouillante.
Filtrer et presser le jus et les fruits. On peut utiliser une passoire fine ( je trouve plus pratique) ou éventuellement un moulin à légume à grille fine.
Filtrer à travers un filtre à café permanent ou une étamine fine si besoin.
Les fruits ont pompé du liquide, vous avez probablement moins d’eau qu’au début:
Soit on rajoute de l'eau pour avoir le même volume qu'au début
soit on adapte la quantité de sucre au volume obtenu (plus de goût mais sirop plus épais et concentré)
Placer le liquide dans une autre casserole, incorporer le sucre et chauffer légèrement jusqu’à dissolution complète. Ne chauffez pas trop! Un maximum de 70 ° est souhaitable pour conserver les vitamines.
Une fois le sucre dissous, verser dans une bouteille stérilisée à ras-bord, fermer et retourner la bouteille jusqu'à refroidissement. Ceci créera un vide d'air limitant le développement des moisissures.
Étiqueter et conserver au frais et à l’abri de la lumière.